LE GUILLOU Pierre ( 1915-1941) FNFL              Marine Marchande

Cargo Pink Star

Notice créée le 30 novembre 2O21 par Jacques Omnes

Pierre, Alexandre LE GUILLOU est né au Havre le 30 janvier 1915. Passé par l'Ecole des apprentis mécaniciens de Lorient, engagé de cinq ans, Pierre Le Guillou avait le grade de quartier-maître mécanicien dans la Marine nationale. Il était maître mécanicien dans la marine marchande.

 

Du 3 août 1939 au 11 mai 1941 il navigua sur le San Pedro. Le cargo mixte de la Compagnie générale transatlantique fut réquisitionné le 13 septembre 1939. Le 2 juin 1940, il fut intégré à Cherbourg à la 1ère Division de croiseurs auxiliaires. Il transporta 1500 hommes de troupe à Brest. Le 9 juin à 14 heures, il quittait Brest pour aller participer, le 11, à l'évacuation de troupes du Havre. Le 18 juin, il ralliait Casablanca.

 

Le 12 mai 1941, Pierre Le Guillou embarquait comme graisseur sur l'Ile de Ré. Le cargo fut immobilisé à New York de juillet 1940 à la mi-avril 1941. Puis il revint à New York le 8 août 1941. Peu après, dans la nuit du 12 au 13 août, Pierre Le Guillou et treize autres marins (3 officiers et dix hommes) quittaient le bâtiment. Tous, sauf un, s'engagèrent ensuite dans les FNFL.

 

Le M.V. Lundby, renommé Pink Star (wrecksite.eu)

 

La Délégation de la France libre aux Etats-Unis prit Pierre Le Guillou en charge et le fit partir pour la Grande-Bretagne comme 4ème mécanicien à bord du Pink Star, ancien navire danois, acquis par le gouvernement américain et battant pavillon panaméen.

 

Mais le marin disparut lors du torpillage du navire le 19 septembre 1941 au large du Groenland, alors qu'il faisait route de Sydney (Canada) vers Reykjavik (Islande).

 

A 01h51, le Pink Star, cargo à vapeur de 4150 tonnes du convoi SC 44 , est torpillé au large du Groenland par l’U 552 commandé par Erich ToppSur son équipage de 35 hommes, 13 ont été perdus : un américain, un britannique, cinq canadiens, un français, un danois, deux hollandais et un chinois.

 

Erich Stopp, commandant du U-Boot 552 (Bundesarchives)

Au moment de sa disparition, Pierre Le Guillou, muni d'une feuille de route de la Délégation de la France libre à New York, se rendait en Angleterre pour se mettre à la disposition des Forces françaises libres. Il n'avait pas encore signé son acte d'engagement. En effet, aux termes des lois de neutralité, il était interdit de lui faire signer, même à titre provisoire, un engagement dans l'armée d'une puissance belligérante aux Etats-Unis [2].

 

Le 25 février 1943, le général de Gaulle, Chef de la France combattante, Président du Comité national, signait l'ordonnance n° 43 « étendant le droit à pension de guerre ».

 

L'article 1er stipulait :

« Sont considérés comme ayant été incorporés dans les Forces Françaises libres, en ce qui concerne notamment le droit à pension, les Français et Françaises qui ont trouvé la mort, ou qui ont été blessés, ou qui ont contracté une infirmité, dans les circonstances suivantes :

1) En essayant de rejoindre les Forces Françaises Libres ;

2) Après avoir rejoint les Forces Françaises Libres, aux fins d'engagement, mais sans avoir régularisé cet engagement ;

3) Dans l'accomplissement d'une mission qui leur avait été confiée par une autorité compétente de la France Combattante. »

 

L'article 2 ajoutait :

« L'incorporation est faite soit dans le grade que détenaient les intéressés dans leur arme d'origine, soit un grade d'assimilation. »

 

Le 12 avril 1943, le Commissaire en chef de 2ème classe Arnoulx de Pirey, Directeur de l'Intendance maritime, demandait au contre-amiral, commissaire national à la Marine, de bien vouloir ordonner, en vertu de cette ordonnance, l'incorporation à titre posthume du quartier-maître Le Guillou Pierre dans les FNFL.

Un autre document, non daté, d'Arnoulx de Pirey proposait que l'incorporation prît effet à partir du 1er septembre 1941 avec le grade de second maître mécanicien.

 

Le projet de décret soumis au général de Gaulle, Chef des Français Combattants, Président du Comité National, vint concrétiser cette proposition :

« Art. Ier. - Est incorporé dans les Equipages de la Flotte, en ce qui concerne notamment le droit à pension, l'ex-quartier-maître mécanicien Le Guillou, Pierre, né le 30.1.1913 au Havre (Seine Inférieure), avec le grade de second-maître mécanicien, à compter du 1er septembre 1941. » [3]

 

Pierre Le Guillou a bien été reconnu comme FNFL, puisqu'il figure dans la liste du Mémorial. Il semble cependant que la proposition de promotion au grade de second maître n'ait pas été retenue.

 

[1] Les lois de neutralité étaient une série d'actes (Neutrality Acts) adoptés par le Congrès des États-Unis dans les années 1930 (en particulier en 1935, 1936, 1937 et 1939) visant à tenir le pays en dehors des tensions qui conduisirent à la Deuxième Guerre mondiale. Certaines de leurs dispositions furent en fait remises en cause dès 1940 mais c'est la déclaration de guerre des Etats-Unis au Japon le 8 décembre 1941, à la suite de l'attaque sur Pearl Harbor, qui mit vraiment fin à cette politique de neutralité.

[2] Le document indique par erreur que le marin aurait quitté l'Ile de Sein le 13 août 1941.

[3] La copie carbone du projet, que nous avons consultée, ne porte malheureusement pas de date après la mention « Fait à Londres, le ». Mais le décret date vraisemblablement de l'année 1943.

 

SOURCES