La Shoah au Havre

 

 

CONSULTER LA CARTE INTERACTIVE ici

 

« QUI ECOUTE UN TEMOIN LE DEVIENT A SON TOUR »

 

       Au mois de Mai 2017 notre Délégation a assisté  au Lycée Claude Monet à une remarquable restitution du projet sur la Shoah au Havre, par les élèves du Lycée Claude Monet. Celle-ci a été Introduite par leur enseignante Camille Duparc, et félicitée par le Proviseur du Lycée et Monsieur Tristan Lecoq, Inspecteur général de l'Education Nationale.

En présence de Mme Auvray dont les parents furent déportés, des autorités de la Ville et de l'Inspecteur d'Histoire Géographie de Rouen,

Les 26 élèves ont ensuite présenté à plusieurs voix leur cheminement à travers les lieux où vivaient les familles juives au Havre, l’histoire de leurs tentatives pour tenter de se cacher ailleurs en France, et leurs destinées individuelles, entre ceux qui furent déportés et assassinés (1943 année terrible et notamment le « convoi » des enfants), et ceux auquel le hasard, le destin, a permis de revenir au Havre.

Un véritable travail de chercheur comme l'a souligné l'Inspecteur général, qui les a conduits au camp d'Auschwitz où la découverte du nom du Havre (dans des registres ?) a fait réaliser à l’une de ces élèves que l’histoire d’Auschwitz, "c’était l’histoire de Havrais".

Après une visite au Memorial de la shoah à Paris, le projet été présenté au Memorial de Caen.

Il ne laissera pas indemne ces jeunes gens ;  une transmission dont Elie Wiesel disait que « Qui écoute un témoin le devient à son tour », comme l’a rappelé l’Inspecteur de l’Education Nationale, en s’adressant au public venu écouter ces destinées singulières.

Au moins de Juin 2017, quelques élèves accompagnés par Madame Duparc ont de nouveau restitué leur projet dans le cadre de la programmation de mini-conférences de l'Exposition "Revival 1940-1945" qui s'est tenue à l'AMAC du Havre. 

Pierre Charrel et Camille Duparc, enseignants au Lycée Claude Monet, présentent le travail de recherche produit par leurs élèves en 2017 :

 

Une carte interactive de la Shoah au Havre a été élaborée par 26 élèves de Première S et ES du Lycée Claude Monet, et elle est le résultat de deux démarches, certes différentes mais aussi complémentaires.

Pendant plus de six mois, les élèves volontaires ont  fait oeuvre d'historiens et d'historiennes. En effet, pour retracer de la manière la plus exacte possible le destin d’une quinzaine de Juifs et de Juives du Havre face aux persécutions et au génocide, ces 26 élèves se sont appuyé.e.s sur des documents d'époque conservés aux Archives municipales du Havre mais aussi des études plus universitaires, consacrées à la Shoah, signées par les historiens et les historiennes les plus averti.e.s en la matière.

D'autre part, leur recherche leur ont permis d’inscrire ensuite ces notices biographiques dans l'espace urbain actuel du Havre.

Rappelant que tel appartement abrita une famille juive exterminée ou que tel bâtiment fut le siège d'une des institutions responsables de ce crime. Ces notices se proposent - à leur modeste échelle - d'entretenir le souvenir de la Shoah au Havre. Notamment en l'investissant dans des lieux familiers à bon nombre de Havrais et de Havraises.

C'est donc un double travail, à la fois scientifique et citoyen, que ces élèves du Lycée Claude Monet ont réalisé avec un bel investissement pendant plus d'un semestre.

Cette carte interactive pourrait connaître un prolongement dans l'espace urbain du Havre sous la forme de ce que l'on appelle les Stolpersteine, c'est-à-dire ces pavés de métal incrustés dans le sol de rues d'Allemagne, d'Autriche, d'Italie, des Pays-Bas mais aussi de quelques villes françaises telles La Baule ou Bordeaux.

Installées devant les domiciles de victimes de la Shoah, ces pavés rappellent quotidiennement aux passants et passantes le souvenir du génocide.

La carte interactive réalisée par ces 26 élèves pourraient constituer une (modeste) base pour pareille entreprise mémorielle". 

 

Pierre Charrel, Camille Duparc, professeur.e.s d’histoire et géographie au lycée Claude Monet. 

DANS LA PRESSE

Le travail d’historiens sur la Shoah au Havre produit par des lycéens

Publié sur Parisnormandie.fr le  16 mars 2017

 

Mémoire. Dans le cadre d’un projet pédagogique impliquant plusieurs établissements normands, des élèves du lycée Claude-Monet apportent leur éclairage sur la persécution des juifs pendant l’occupation au Havre.

«Jouer du violon et appartenir à l’orchestre du camp des femmes a probablement sauvé la vie de Violette. Elle l’a reconnu, une fois revenue au Havre pour travailler dans l’échoppe de son cousin et de son oncle, tailleurs au 96 cours de la République. »

Violette ? C’est Violette Silberstein, rescapée d’Auschwitz, déportée à l’âge de 17 ans parce qu’elle appartenait à la petite communauté juive d’à peine 300 âmes que comptaient alors Le Havre et ses 164 000 habitants. Nathaniel, un jeune lycéen de 1re S de Claude-Monet, se penche sur l’histoire de cette jeune femme arrêtée le 1er juillet 1943 à Lille après avoir connu l’exode de 1940, puis sur la persécution la menant jusqu’au sinistre camp de Pologne.

Comme vingt-cinq de ses camarades, tous volontaires et issus de plusieurs classes de 1re de l’établissement, il contribue à un projet pédagogique encadré par deux professeurs d’histoire-géographie, Pierre Charel et Camille Duparc. Objectif : constituer, avec l’appui des Artisans-Cartographes, une carte interactive de la Shoah au Havre.

« Autour d’un voyage d’études au centre de mise à mort d’Auschwitz, le 18 janvier, ils participent à un concours initié, en partenariat, par le mémorial de la Shoah, la Région de Normandie et les rectorats de Rouen et de Caen. Après une première sélection sur dossier, ils poursuivent l’aventure, à l’instar de classes de six autres lycées de la région. Nous avons fait le pari de la carte interactive, car elle leur permet d’inscrire un événement historique forcément lointain dans leur espace quotidien même si au Havre, ville en très grande partie reconstruite, c’est un double défi. »

Sur un fond de carte, par un jeu d’onglets, ils ont reconstitué, après des dizaines d’heures de travail de recherche, de recoupements, l’histoire d’une vingtaine de familles ou de lieux. « L’objectif n’était pas nécessairement de se limiter aux faits les plus dramatiques de la persécution, mais de tenter de dresser un panorama d’ensemble de la vie juive au Havre durant cette période. Il s’agit d’une communauté disparate, du bonnetier du marché du Rond-Point au maire Léon Meyer, mais particulièrement intégrée dans la population havraise, à tel point qu’aux yeux de bon nombre de Havrais, elle semble inexistante. La communauté juive ne se sent pas comme telle. D’ailleurs, lorsque la persécution lui tombe dessus, du processus d’aryanisation des biens en 1941 aux arrestations de 1942-1943, elle lui apparaît inenvisageable. Et pourtant... »

Mise en scène

Et pourtant, à travers les témoignages, les documents collectés aux Archives municipales ou sur Internet, elle prend forme sur cette carte, visible dans quelques semaines, notamment sur le site Internet du lycée. Des victimes, des rescapés mais aussi la participation plus ou moins ambiguë des autorités, que ce soit la sous-préfecture, la chambre de commerce ou la presse collaborationniste. « Les élèves ont parfois dû faire face à des incohérences. Ils se sont frottés au métier de l’historien qui doit confronter les sources... » se félicite Camille Duparc.

« Un travail qui me permet, bien au-delà du programme, de nourrir ma curiosité pour cette période », s’enthousiasme Nathaniel, malgré l’ambiance macabre qui pèse autour de ces recherches.

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Christophe FREBOU

 

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