FRIBOULET André (1921 -1999)  FNFL              Marine de Guerre  - Caserne Surcouf

Remerciements à Isabelle Duhamel  David Fouache  (Archives SHD Caen et Vincennes ) et Sylvie Baudouin (transcription du témoignage de André Friboulet)

 

Né au Havre le 9 septembre 1921, André Félix FRIBOULET, alias Jones, fils de Roger Friboulet et de Germaine Recher son épouse, avait poursuivi ses études à l'école Courbet au Havre jusqu'en 1933 et était titulaire du certificat d'études.

 

Il est ensuite inscrit maritime au Havre, marin marchand de 1ère classe à la Compagnie des Chargeurs Réunis. Il avait embarqué comme mousse sur le Dahomey en 1935 et était maître d'hôtel sur le Lipari en 1940.

 

Démobilisé en aout 1940, il est terrassier à Saint Germain en Laye (78) jusqu'en octobre. Après une tentative ratée en décembre de rejoindre les FFC par Marseille, il s'engage au 5e dépôt à Toulon et effectue son service militaire dans la Marine Nationale.

Il sert sur le contre-torpilleur Tartu de mars 1941 à octobre 1942. Il déserte en octobre et franchit seul la frontière pyrénéenne au Perthus vers le 30 octobre ou le 1er novembre.

 

Arrêté le 1er novembre, il est conduit et détenu à Figueras. Refoulé à la frontière le 5 novembre, il franchit de nouveau les Pyrénées sous l’identité de « Nicolas Polenski, né le septembre 1926 à Varsovie, de nationalité polonaise » et parvient à Barcelone où il est de nouveau arrêté vers le 10 novembre.

 

Après 70 jours de prison à Barcelone, il est transféré le 28 janvier 1943 au camp de Miranda où il reste interné quatre mois.

 

Il quitte Miranda le 30 avril 1943, et est mis en résidence surveillée pendant deux mois à la pension Ivor, rue Arenal 24 à Madrid. 

Camp de Miranda Del Ebro

 S'étant déclaré polonais, pris en charge par la Croix Rouge polonaise en Espagne, il parvient à quitter Madrid avec un convoi de soldats polonais à destination de Gibraltar où il embarque sur le SS San Maria le 17 juillet et parvient à Liverpool en Angleterre  le 24.

 

Il s'engage dans les Forces Navales Françaises Libres en juillet 1943 (matricule : 1226 FN43). Il est affecté à la Marine de Guerre et sert en tant que matelot maître d'hôtel à la Caserne Surcouf en Angleterre.

 

Il a été homologué FFL et DIR (interné résistant) et était titulaire de la carte CVR (1981).

 

André Friboulet est décédé le 5 décembre 1999 à Nevers (58). 

 

Après la Guerre, comme bien d'autres Français Libres, il rencontre de grandes difficulté à se réinsérer dans la vie civile. Sa détention en Espagne en particulier, est considéré comme un délit et non la conséquence de son  acte de résistance. Comme dans le cas du FAFL Jean Larue, cette situation perdure durant des décennies. Quarante ans après la Guerre, André Friboulet se résout à écrire en 1980  au Président de la République...

Le 22 octobre 1980.

Monsieur le Président de la République,

j’ai l’honneur de vous adresser cette lettre non pas pour verser des larmes mais pour vous exposer les faits que voici :
En 1935-1940 j’ai 18 ans, je participe aux convois dans la marine marchande.
En 1941 je passe la zone libre, en 1942 je décide de rejoindre les forces françaises libres. Je suis interné en Espagne, prison de Barcelone, camp de Miranda.
Revenu d’Angleterre en 1945, pensionné à 100 %, un peu plus tard ma pension est réduite de moitié, malgré d’autres nombreuses infirmités graves, non reconnues, ne pouvant pas prouver mon internement en Espagne.
Je suis donc obligé de travailler ne pouvant garder mes emplois longtemps pour raison de santé, ma femme demande une patente de marché ambulant. Je vous fais grâce des 25 années de difficultés que nous avons supportés vu mon état physique.
J’ai enfin reçu l’attestation de la Croix Rouge française à Madrid de mon internement en Espagne par monsieur S. (illisible), Délégué en mai 1979.
Nous avons été obligés d’interrompre notre commerce il y a 6 mois ne pouvant plus faire face.
N’ayant pas grand espoir d’obtenir ma carte d’interné, je dépose ma candidature auprès d’une société de surveillance pour un emploi.
Ma candidature est refusée (motif) : ils ont fait une enquête et le rapport fait état que j’ai fait de la prison en Espagne et ce rapport m’interdit l’emploi demandé et, depuis, ma femme et moi sommes sans emploi et sans sécurité sociale.
Donc je constate que d’une part, l’on constate mon authenticité d’interné et de l’autre, l’on me le fait savoir en me privant d’un emploi, ce qui est grave vu notre situation.
Je demande que soit mis fin à cette coalition douteuse. Si ma lettre est un coup d’épée dans l’eau, je continuerai à me battre, quitte à repasser une frontière pour rechercher une identité, malgré ma femme à qui je dois tout et mes enfants que j’adore, mais je ne peux supporter d’avantage l’inverse de ce que j’ai recherché, c’est à dire une France libre.
Maintenant c’est ma propre liberté qui est en jeu, et je suis prêt à aller jusqu’au bout des choses…
Fait à Canteleu sur l’honneur de ce qui est écrit. Je vous prie, Monsieur le Président, d’agréer mes sentiments et salutations distinguées.
P.S : l’enquête de la société a été faite auprès des renseignements généraux.

Sources

 

SHD Caen :  AC 21 P 609285 (David Fouache)

SHD Vincennes : GR 28 P 2 360 (Isabelle Duhamel)

SHD Vincennes  : 235297 (non consulté)

Livre ouvert des Français Libres