Léon COQUEREL est né le 15 Février 1902 à Etretat.
Avant la guerre, Léon COQUEREL était lieutenant au cabotage dans la Marine Marchande.
Dans la journée du 19 juin 1940, les deux bateaux-pilotes de Seine, Albert Faroult et Georges Leverdier appareillent de Paimpol vers l'Angleterre.
Le journal du Havrais Jean PRIGENT, sous-patron du Leverdier, évoque la présence à bord de Léon COQUEREL à leur arrivée à Dartmouth.
Puis leurs chemins se séparèrent.
Léon COQUEREL s'engage dans les Forces Navales Françaises Libres le 30 Décembre 1940.
Sa première affectation se déroule sur le vieux Cuirassé Courbet dépôt des équipages FNFL, comme celle de beaucoup de ses camarades, puis il embarque sur le cargo Ostrevent.
Ce cargo charbonnier de l’Union Industrielle et Maritime qui à l’armistice de juin 1940 se trouvait à Milford Haven avait été saisi par les Britanniques le 17 juillet et réarmé par les FNFL en étant géré par l’armement Shamrock Shipping Co.
Léon COQUEREL participe aux opérations de ravitaillement entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans l'Atlantique Nord.
Le 9 Mai 1941, le cargo, attaqué par un avion allemand, manque de couler (1).
Le 9 mai 1941 à 0h15, alors qu’il se trouvait à l’est du bateau-feu Helwick, le cargo est attaqué par un avion allemand qui largue une bombe par le travers de la cale 3.
A 0h20, l'avion largue une nouvelle bombe à bâbord, évitée grâce aux manœuvresen zigzag du capitaineau long cours Droguet, A 0h30, le chef mécanicien prévient d'une importante voie d'eau qui ne sera enrayée que vers 2h.
L’Ostrevent parvient à gagner Milford Haven pour la pose d'un batardeau afin de décharger son charbon à Liverpool puis de se diriger sur Cardiff pour y être réparé.
A bord du remorqueur Isère (Copyright Famille Little)
Par la suite, Léon COQUEREL commandera le remorqueur français Aube en Angleterre. Il est rattaché au port de Kingswear, lequel abrite la base des vedettes lance-torpilles des FNFL : la 23 e flottille de Motor Torpedo Boat (MTB)
L'Aube restera très actif dans des fonctions portuaires, travaillant avec la Dart Harbour Navigation, la Royal Navy, l'US Navy et les Forces Navales Françaises Libres.
En appareillant de Dartmouth pour Portsmouth en juin 1944, 4 ans après leur engagement, Jean PRIGENT aperçut et salua son ami Léon à bord de son remorqueur.
In Memoriam
"Léon-Victor Coquerel était notre aîné à tous, il allait avoir 96 ans dans quelques jours, et cela nous reporte à l'année 1902 à Étretat.
La belle saison était finie et la petite ville se retrouvait repliée sur elle-même, lorsque les Parisiens l’avaient désertée en retournant vers la capitale avec les souvenirs d'un été radieux. Les estivants avaient encore dans leur tête ces visages d'Étretatais burinés par les embruns, ces Terre-Neuvas en retraite que l'on pouvait croiser sur le Perret, comme encore aujourd'hui, puisqu'il en reste quelques-uns.
Le père Coquerel, le père de Léon, était une figure, et il fut pendant bien des étés le surveillant de générations de baigneurs, à bord de sa petite barque qu'il ne rentrait que le soir venu, lorsque le dernier Parisien était sorti de l'eau.
Belle retraite pour un de ces travailleurs de la mer chantés par Victor Hugo, un autre Parisien amoureux des falaises et des grèves de notre pays de Caux. Tout jeune, Léon connut la valeur relative des choses et l'éphémère de la vie. Philosophe, il l'était; mais marin dans l'âme à coup sûr.
Qu'est-ce à dire ? Intelligent, apte à apprendre et à comprendre, il ne fut pas de ceux qui baissèrent pavillon à l'heure du grand péril de 1940. Homme simple et droit, son devoir était tracé.
On ne dira jamais assez la part que les Britanniques accordent à ceux qui ont servi sur mer, et en particulier à ceux de ce service silencieux de la marine marchande, dont les pertes ont été considérables. « Silent service », mais combien efficace ".
Capitaine du remorqueur AUBE, basé à Dartmouth, Léon a accompli son obscur travail de marin et a trouvé en Angleterre l'âme sœur, que nous avons tous connue, et qu'il retrouve maintenant dans un au-delà dont nous ne connaissons rien. Le travail du remorqueur est anonyme et essentiel, mais le jour de la gloire arriva enfin.
Il participa à l'entraînement en vue du débarquement sur la plage de Slapton-Sand, puis au départ de 487 bateaux en direction de notre Normandie. Il fut de ceux qui vécurent l'aube du 6 juin 1944 dans le feu de l'action.
Les honneurs ont suivi, puisqu'il devint chevalier de l'ordre national du Mérite et officier de l'ordre du Mérite maritime.
Il reçut également la médaille de la Résistance et la médaille du Sauvetage, tant en France qu'en Bretagne reconnaissante". (2)
Léon COQUEREL est décédé au Havre le 22 novembre 1998.
Il fut membre de l'Association des Français Libres du Havre.
TEMOIGNAGES DE REG LITTLE SUR SON AMI LEON COQUEREL A DARTMOUTH/KINGSWEAR
Vue de Kingswear depuis la rive de la Dart, côté Dartmouth
L'historien Reg LITTLE, décédé en 2016, a tenu un blog sur l'histoire de Dartmouth et Kingswear, notamment durant la seconde guerre mondiale. Il y évoque son ami Léon COQUEREL, notamment lors d'un sauvetage survenu en 1942 au cours duquel il témoigna d'un grand courage (publié dans L'Odyssée des 500 Français libres du Havre).
Reg LITTLE a par ailleurs rendu hommage en 1998 à Léon Coquerel dans cet article : LIEN
Léon Coquerel, sa femme Gertrude et ses filles en 1980 au Havre (Copyright famille Little)
Septembre 2017 - SUR LES TRACES DE LEON COQUEREL AU MUSEE FREE FRENCH DE KINGSWEAR
En septembre 2017, au cours de son voyage-mémoire en Angleterre, la Délégation du Souvenir des Marins de la France Libre est venue remettre au Musée Free French de Kingswear deux panneaux sur les Forces navales Françaises Libres et la 23e Flottille de MTB.
Par une extraordinaire et émouvante coincidence, nous avons rencontré à cette occasion Madame Sheila Little, épouse de Reg Little (décédé), tous deux ayant été de grands amis du couple Léon et Gertrude Coquerel à Kingswear.
Les médailles de Léon Coquerel
léguées au Musée Free French de Kingswear
(Copyright Délégation des Marins de la France Libre)
Michel Pérot et Sheila Little au Musée Free French de Kingswear
(Copyright Délégation des Marins de la France Libre)
Ressources
Dossier Résistant au SHD de Vincennes (non consulté) : Cote GR16 P 3327
(1) Etretat 1939-1945. De l'occupation allemande au camp Pall Mall. Cédric Thomas, 2015 Lien
(2) Source : Revue de la France Libre Volume VI