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Paul ZIGMANT, fils d'un importateur de fruits de mer dont les parents, israélites, avaient émigré de Russie, naît au Havre le 3 Mars 1918. [1]
Il effectue toute sa scolarité au petit Lycée puis au Lycée de garçons du Havre (François 1er), de 1924 à 1939 (de la maternelle au bac : 2x philo).
Démobilisé en août 1940, Paul ZIGMANT rejoint très rapidement la Résistance, et devient l'un des premiers membres du mouvement Combat. Son engagement dans les Forces Françaises Libres date de septembre 1941.
Il est nommé délégué régional pour la région de Lyon où il met sur pied l'organisation de l'Armée Secrète (AS) [4].
En octobre 1942, Robert Blum devient chef de Combat pour l'Isère à Grenoble, où il assure alors l'implantation du mouvement à l'échelle du département. Son activité ne reste pas inaperçue et la police allemande de Lyon décide, bien que Grenoble soit en zone d’occupation italienne, de procéder à son arrestation le 21 janvier 1943 : un groupe de policier allemands se rend à son domicile et l'arrête en même temps que son beau-frère Paul ZIGMANT.
Tous deux sont transférés à Montluc, puis à Châlons-sur-Saône et de là, à Paris.
Détenu dans un premier temps à Fresnes, puis à Compiègne, Robert Blum et Paul ZIGMANT sont finalement transférés à Drancy en mai 1943. Lorsque le camp est pris en main par les Allemands en juillet 1943, Robert Blum est désigné « chef du bureau administratif du camp » de Drancy par le SS Aloïs Brunner. Il tient dès lors le rôle de commandant juif du camp, les SS ayant mis en place une administration juive, destinée à gérer le camp à leur place.
En novembre 1943, les Allemands découvrent un tunnel, creusé par des membres de l’administration du camp afin de s’évader. En représailles, 75 cadres du camp, dont Robert Blum, sont déportés par le convoi n° 62 du 20 novembre 1943. Il meurt à Auschwitz au début de l’année 1944.
Bien qu'ayant participé à la tentative d'évasion, Paul ZIGMANT échappe à la déportation 6.
La Libération du camp
Il témoigna de la libération du camp de Drancy pour le journal le Monde [2] :
« Depuis le 6 juin 1944, nous attendions la libération du camp, mais on craignait tous un massacre complet. Le bruit avait couru que tout le monde serait déporté, les immatriculations étaient prêtes. La date de l’évacuation avait même été fixée au 13 août puis à la nuit du 16 au 17. C'est la grève des cheminots qui nous a sauvés, il n'y avait pas de trains pour faire partir le convoi ».
Dans les derniers jours, la Résistance de Paris avait fait parvenir des armes aux FTP de Drancy pour que les internés puissent se défendre si les Allemands décidaient de les liquider avant de fuir. Pendant deux jours, les représentants de la Croix-Rouge et de l'UGIF (Union générale des israélites de France) se mobilisent pour organiser l'évacuation du camp, distribuer des cartes d'identité, des tickets d'alimentation, de l'argent, des vêtements.
Paul ZIGMANT évoque une « incroyable effervescence, un peu anarchique mais très bon enfant : avant ma sortie officielle, le 19 août, ma libération a été une suite de libérations. Je suis d'abord sorti voir des gendarmes hisser les couleurs juste à côté du camp, ils n'ont pas osé nous chasser. Puis nous sommes rentrés, car on ne savait pas comment ça se passait à Paris. J'avais appelé un oncle, qui m'avait conseillé d'attendre un ou deux jours, car les choses n'allaient pas très bien dans la capitale. Pour notre deuxième sortie, on a pris la camionnette et on s'est rendus à la préfecture de police de Paris, on a vu des prisonniers allemands et on a fait se lever quelques officiers SS à coups de pied dans le derrière ! On jouait aux matamores en liberté, mais on est retournés à nouveau à Drancy pour s'occuper de ceux qui n'avaient pas de famille en région parisienne. On était très heureux d'être dehors ! C'était comme si on avait dit à quelqu'un qui allait se faire fusiller : 'Tu peux partir, tu es libre.' Mais le souvenir de tous ceux qui étaient partis et qui n'allaient sans doute pas rentrer freinait notre joie. Et je restais très affecté par mon arrestation, qui avait été un grand échec pour moi. » [2]
Libéré du camp de Drancy, Paul ZIGMANT participe à la Libération de Paris au sein du groupe franc Chevrier. Reconnu pour ses qualités d'organisateur, il entre au Ministère des prisonniers de guerre et déportés, dirigé par Henri Frenay, ancien chef de l'AS [4].
A la fin de la guerre, selon l’ouvrage de Roger Faligot et de Pascal Krop [3], Paul ZIGMANT est versé au Service Action de la section de liaison française en Extrême-Orient, combattant les Japonais en Extrême-Orient.
En 1953, il devient agent du SDECE et dirige dès le début de la guerre d’Algérie, la section Trafics d'armes, qui luttait contre l’approvisionnement en matériel des membres du FLN.
Veste de Paul Zigmant - Copyright Histoire & Collections
Paul ZIGMANT, est décédé en juillet 2007.
Il était titulaire de la Légion d'honneur, de la Croix de guerre 39-45 2 citations avec palme, médaille de la Résistance française avec rosette, médaille commémorative des services volontaires de la France Libre, médaille de la déportation et de l'internement. [4]
[1] A l'intérieur du camp de Drancy. Michel Laffitte, Annette Wieviorka, Perrin, 2012. LIEN
[2] Le Monde en ligne, 8 août 2005. LIEN
[3] Histoire politique des services secrets français : De la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Roger Faligot, Jean Guisnel, Rémy Kauffner. La Découverte, 2013.
[4] Indochine. Les services spéciaux français face aux bouleversements de l'Histoire. Histoire & Collections, 2017. LIEN
[6] L'équipe du tunnel de Drancy sur le site de l'AJPN.org LIEN
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