EDITION SPECIALE 6 JUIN 2020

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RAULIN Marcel (1920 - 1991)  FNFL                  Marine de Guerre

Corvette Aconit, contre-torpilleur Léopard                     1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos         Badge n° 23

Nos remerciements à Monique Joly, fille de Marcel Raulin et à Benjamin Massieu

Marcel RAULIN est né au Havre le 15 septembre 1920 au sein d'une famille modeste. 

A quatorze ans, avec l’appui d’un ami de son père, il embarque sur l’Ile de France, paquebot de la Transat, en qualité de garçon de sonnerie. Il sert ensuite sur différents navires de croisière, mais en 1938,  suite à sa participation à une grève, il est  interdit de navigation pour une année et trouve un emploi de docker au port du Havre. Il a 18 ans.

En 1940, il se présente à nouveau aux bureaux de la Transat' et reçoit son affectation sur l'Oregon  comme aide-cuisinier, au mois de Mars. 

 

Les circonstances de son évasion

 

Au mois de Juin, le navire mouile en rade de Colon, devant Cristobal, au nord du Canal de Panama, où stationnent plusiers navires de la Transat' en attente d'un retour vers la France. En apprenant l'Appel du général de Gaulle, Maurice RAULIN entre en contact avec le consul britannique et sur les conseils de ce dernier retourne à bord afin d'évaluer le nombre de volontaires susceptibles de rejoindre l'Angleterre. A bord, il refuse de reprendre le travail et est consigné en vue de son rapatriement en France pour être traduit devant un conseil de guerre.

Le jour venu, il parvient à s'échapper de la voiture qui le transporte vers son point dembarquement, s'achappe de la zone américaine et se dirige du côté panaméen où il se présente de nouveau au consul ritannique.

Le soir même il embarque sur un navire canadien qui se rendait à Halifax. Après 15 jour d'attente, le Saint-Bertrand l'achemine en Angleterre. 

Il s'engage dans les FNFL à Londres en Septembre 1940 et  suit une formation sur le Courbet.

En mars 1941, il se porte volontaire pour les fusiliers marins

et est envoyé en stage à l’école des fusiliers de Skegness (Lincolnshire). A l'époque son intention était d’aller

combattre avec le 1er Bataillon de Fusiliers Marins

au Moyen-Orient. Mais les circonstances en décident autrement et il est dirigé sur Troon en Ecosse, où il embarque sur une corvette flambant neuve des FNFL : l'Aconit sous les ordres du commandant Levasseur.

Skegness. 3e rang debout : Marcel Raulin, troisième à gauche.

Copyright Musée de tradition des fusiliers marins

En octobre 1941, suite à une forte bronchite, il  débarque, malade. Une fois rétabli,  il est affecté à Hull , sur le torpilleur Léopard, en qualité de fusilier marin.

Volontaire pour les Fusiliers Marins commandos

 

A la fin du mois d’avril 1942, à l'occasion du passage à bord du commandant Kieffer  venu  choisir quelques volontaires pour former son bataillon de commandos, le  voeu de Marcel RAULIN est enfin exaucé : sa demande est acceptée.

Envoyé en stage préliminaire, il s'en sort avec succès, il est enfin prêt pour affronter  le fameux camp des commandos à Achnacarry en Ecosse.

Témoignage de Marcel RAULIN sur l'entrainement au camp d'Achnacarry : "Les marches de sept miles (12 kms) doivent être couvertes dans l’heure. Celles de quinze miles (25 kms) en deux heures et dix minutes, avec armes et sacs sur le dos.

Ceux qui terminent en dehors des temps sont éliminés. Pas de repêchage. Les plus solides s’arrangent pour porter les charges et les armes des traînards. A l’arrivée, les

visages sont marqués par l’effort. Certains terminent épuisés, le teint livide et la bave aux lèvres, mais ils sont là. "(...)

 

Un peu plus tard, Marcel RAULIN poursuit son entrainement, lors d'un second stage à Criccieth (Pays de Galle).

Sur cette vidéo de l'entraînement des Fusiliers Marins à Criccieth  sous le commandement de Philippe Kieffer, figurent quatre Havrais, dont Marcel RAULIN  : voir à la 5e minute.

Le 8 octobre 1943 l'Amiral d'Argenlieu, nouveau commandant des FNFL, rend visite aux commandos et leur annone qu'ils prennent officiellement le nom de "1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos" (BFMC).

L'état-major décide de les entraîner pour les employer dans des small scale raids, en les intégrant à la Layforce II.

Dans ce cadre, Ils vont participer à des raids qui partiront de Dartmouth, Newhaven et Douvres.

Marcel RAULIN prit part à l'opération Hardtack 13, dans la nuit du 26 au 27 décembre 1943, à Bénouville, près d'Etretat. Mais malgré tous leurs efforts durant trois nuits consécutives,  les commandos ne purent atteindre leurs objectifs.

Le Jour J de Marcel RAULIN

 

En Mars 1944, le 1er BFMC est rattaché au n° 4 Commando du lieutenant-colonel Dawson en vue de leur participation au Débarquement de Normandie.
Les 177 Français sont répartis au sein de deux Troops
11 Havrais figurent dans les rangs de la Troop 1, dont Marcel RAULIN, et 5 autres Havrais  à la Troop 8.
Ils sont regroupés le 25 Mai 1944 au camp de Tichfield et prennent connaissance de leurs objectifs sous des noms de lieux codés : leur débarquement se fera sur Queen Red dans le secteur Sword. Ils devront  dans un premier temps prendre à revers les points forts allemands de Riva-Bella à l'embouchure de l'Orne et libérer Ouistreham. 
Le 5 juin 1944, l'ensemble du n° 4 commando quitte le camp de Tichfiekd pour rejoindre leur point d'embarquement à Warsah. 

Le commandant Kieffer, Marcel RAULIN et les membres de la Troop 1 embarquent sur la barge 527.

Marcel RAULIN : " Nous appareillons vers 21h au son des cornemuses de Lord Lovat. Quatre années pour vivre ce moment-là, c'est unique. Chacun s'installe dans son petit coin pour la nuit".

Les barges arrivent au lieu-dit La Brèche, à Colleville-sur-Orne (Ouistreham) le 6 juin vers 7h25 du matin.

Marcel RAULIN : "C'est notre tour. nous sautons derrière le grand Louis (Lanternier), les armes à la main. L'endroit est assez profond et nous avançons en danseuse. Les mitraillettes crépitent, les balles ricochent sur l'eau et les mortiers pètent, faisant un carnage dans nos rangs (...) Nous fonçons vers un pan de mur pour prendre abri. Derrière nous, Vourc'h, Pinelli et bien d'autres sont allongés sur la plage, blessés ou morts. Je suis saisi d'un tremblement nerveux...".

Marcel RAULIN participe à la prise du Casino d'Ouistreham par la Troop 1. En fin de matinée, les commandos se rassemblent au lieu de regroupement de la colonie de vacances puis, vers 13h, ils se dirigent vers le second objetif de la journée : le ralliement avec les parachutistes de la 6e Airborne.

Collection Guy Vourc'h - Musée de l'Ordre de la Libération

Marcel RAULIN fut cité à l'Ordre du bâtiment avec attribution de la Croix de Guerre avec étoile de bronze pour sa participation à la Libération d'Ouistreham.

Il est titulaire de la Médaille de la Résistance.

 

Après la guerre, Marcel RAULIN retourne à la Marine marchande. Administrateur de la Transat' et secrétaire du comité d'entreprise du paquebot France, il va de nouveau se distinguer à l'été 1974 lorsqu'il prend la tête du mouvement de grève de l'équipage, lors de l'annonce par la Transat' de l'arrêt de l'exploitation du navire

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Marcel RAULIN participera fidèlement aux commémorations annuelles du Débarquement du 6 juin 1944, aux côtés de ses camarades commandos du Havre.

Il est décédé le 3 décembre 1991 au Havre.

Ses cendres ont été dispersées au large de Colleville-Montgomery par son ami, le commando Michel Vincent.

Une partie du groupe des commandos  Havrais : Maurice Le Floch, Marcel Niel, Michel Vincent et Marcel Raulin

Ils étaient 177. Film de Jean-Pierre Goretta pour la RTS Suisse

Dans ce documentaire réalisé en 1969, sont interviewés plusieurs commandos Havrais. L'entretien avec Marcel RAULIN, alors garçon de cabine sur le paquebot France au Havre, démarre  à 9'30

 film de la RTS

Ressources

 

  • Marcel, ou les tribulations d'un enfant havrais pour rejoindre la France Libre. Marcel Raulin. Archives familiales.
  • L'Odyssée des 500 Français Libres du Havre. AAFL, 2017. Comporte de nombreux extraits des mémoires de Marcel Raulin , publiés avec l'accord de sa famille.
  • Biographie de Marcel Raulin sur le site Ecole Navale/Traditions LIEN 
  • Dossier de résistant au SHD de Vincennes (non consulté) : GR 16 P 500655