FRANCIS BOEUF Jacqueline  (1924- 2015)        née Remise, alias Catherine                              Résistance                                                            Réseau CND Castille

Nos remerciements à Yves Chanier (Amicale du réseau CND Castille) et à Isabelle Duhamel (Dossier Du Shd Vincennes).

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Jacqueline FRANCIS BOEUF, née REMISE, est née le 14 décembre 1917 au Havre d’un père britannique, Edward Alain Bruker, officier de carrière domicilié à Cambridge, décédé en 1917, et de Ernestine Caugy domiciliée 11 rue Alfred Nobel au Havre.

Elle effectua ses études primaires et secondaires au pensionnat Notre Dame de Grâce.

Durant l’Occupation, Jacqueline est aide technique au service de bactériologie de l’Institut Pasteur puis au Laboratoire de géographie physique à la Sorbonne.  

A partir de 1942, elle est assistante sociale à la Croix-Rouge française et elle s’est mariée à Claude Francis Bœuf. 

 

Elle entre au Réseau CND Castille en juin 1942 (indicatif 89593) et est nommée agent P2 en mars 1943, chargée de mission de 3e classe avec le grade de sous-lieutenant.  Elle avait été contactée par Pierre Tillier (Gaspard) qui dirigeait la centrale Coligny et centralisait tous les renseignements recueillis par les agents du colonel Rémy. Jacqueline avait pour alias Catherine et son n° d'agent était le 89 593

Elle fournit des renseignements militaires concernant les ouvrages de la région du Havre puis à partir de Pâques 1943, avec son amie Paule Robert (alias Bérangère), elle assure les liaisons entre Bordeaux et Paris, trie le courrier, et le prépare à la centrale générale de Paris avant qu’il ne parte pour l’Angleterre soit par air soit par mer (via l’organisation maritime Alex).

Citation dans "Si je meurs, venge-moi : mémoires d'un agent de la Résistance" de  Daniel Bouchet

 

Jaqueline est arrêtée le 19 septembre 1943 par la Gestapo 20 rue Thibaut (Paris 13e), interrogée rue des Saussaies à Paris, puis internée à la prison de Fresnes (du 19 septembre au 10 octobre), au Fort du HÂ à Bordeaux (du 10 octobre 1944 au 25 janvier 1944, et enfin au camp de Compiègne du 27 au 31 janvier 1944.

Elle est déportée au camp de concentration de Ravensbrück par le convoi de Compiègne du 3 février 1944. 

Le 24 juin 1944, elle fait partie d’un convoi de 266 détenues de Ravensbrück envoyées au Kommando extérieur de femmes de Hanovre-Limmer, qui venait tout juste d’ouvrir, rue Wunstorfer Straße à l’ouest de la ville.

Ce Kommando, principalement composé de Françaises et de Russes, travaillait à la fabrication de masques à gaz pour l'usine de caoutchouc Continental Gummi-Werke. Il employait plus de 1.000 personnes.

En décembre 1944 arrivèrent 250 autres déportées du Kommando extérieur de Salzgitter-Watenstedt/Leinde, dont une trentaine de Françaises.

Puis, suite au bombardement les 5 et 6 janvier 1945 d'un autre camp extérieur de Neuengamme à Langenhagen, les 500 détenues dans ce camp, en majorité polonaises, furent également transférées à Limmer [1].  

Femmes du camp de concentration Conti-Limmer

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Simonne Rohner, une détenue témoigne :

« Nous avions aussi Jacqueline Francis-Boeuf, femme d'un Docteur en Sciences à la Sorbonne, celui-ci se trouvait à Buchenwald. Il avait écrit un jour à sa femme au milieu de ses phrases en allemand : « Je m'emmerde ! » et nous avions bien ri, car cela avait passé inaperçu au contrôle ».[2]  

 

Témoignage de Jacqueline FRANCIS-BŒUF sur  le camp de concentration de Limmer (kommando du KZ Neuengamme)  « Après que la production de masques à gaz destinés à la population ait été classée en avril 1944 comme une très grande urgence, la Continental AG a requis des détenues de camps de concentration et aménagé en priorité en tant que camp de concentration extérieur de Hanovre, le camp de femmes de Limmer. Juste à côté se trouvait le camp intérieur de travaux forcés de Wesselsgarten. Le camp de concentration de la Continental fut construit en deux phases. En Juin 1944, il était composé d’une baraque en bois pour les détenues et de trois bâtiments auxiliaires. Le camp (KZ), entouré d’une double clôture de barbelés électrifiés, est à 100 mètres du grand mur de briques. Pas de mirador ! On reconnait au-delà d’un petit espace vert en pente douce les premières maisons de la ville. Les quelques constructions sont neuves mais pitoyables. L’ensemble comprend quatre baraquements : la baraque à l’entrée (comme toujours réservée à l’administration), dans un angle à droite, une longue construction avec dix chambres dont l’une utilisée comme infirmerie. Derrière, une cour un bloc avec de sanitaires. Enfin un dernier bâtiment reste fermé.» [3] 

Les mémoires de Simonne Rohner indiquent que Jacqueline FRANCIS-BOEUF a été ensuite transférée au camp de Bergen-Belsen, avant d'être rapatriée le 23 Avril 1945.

(...) Un jour que je finissais de déjeuner, TROLLIET vint me chercher et me dit en riant : - On vous demande en bas, mais ne vous étonnez pas de voir une Capitaine dans l'armée française ; c'est la mode paraît-il! Je trouvais dans le bureau, un Colonel, deux Commandants et en effet une Capitaine… Un des Commandants était FRANCIS BOEUF, mari de Jacqueline ; rentré parmi les premiers de BUCHENWALD, il avait repris immédiatement du service et venait en Hotchkiss, chercher sa femme. Après lui avoir donné les quelques renseignements que nous avions pu avoir sur le sort de nos camarades, je lui indiquai BERGEN-BELSEN, destination probable du convoi et lui confirmai le bon état de santé de Jacqueline". [2] 

Jacqueline Remise a été ensuite transférée le 7 avril 1945 vers le camp de Bergen-Belsen, avant d'être rapatriée le 23 avril 1945. Elle fut affectée au B.C.R.A. puis à la D.G.E.R. avant sa démobilisation le 31 octobre 1945. Sa fiche de démobilisation indique qu’elle se retire au Havre, 11 rue Alfred Nobel ; puis elle revient à Paris résider 10 Villa Cœur de Vey (Paris 14e) en 1950 puis à la Roquebrussanne en 1972 (Var).

Elle a été homologuée FFC FFL et DIR.

Distinction : Médaille de la Résistance française (1946). Croix de Guerre - Citation à l’ordre de la Division (décret du 17 mai 1946) - Elle est décédée le 16 juillet 2015 à Paris 7e. 

Jacqueline Caugy est décédée à l'âge de 97 ans le 16 Juillet 2015 à Paris 7e.

Ressources

 

Dossier Résistant au SHD de Vincennes (non consulté) :  Cote GR 16 P 112 457 (consulté)

 

Fiche de l'annuaire de l'Amicale du Réseau CND Castille LIEN

 

[1] D’après les informations du site kz-gedenkstaette-neuengamme.de.

 

[2] En enfer. Récit de Simonne Rohner Résistance - Déportation en Allemagne 9 Février 1944 - 8 Mai 1945. Lien

 

[3] Extrait du site internet kz-limmer.de, traduit de l’allemand par Emile Pefferkorn et Annie Frandon.

 

Autres sources

 

Citation dans "Si je meurs, venge-moi : mémoires d'un agent de la Résistance",  Daniel Bouchet. 

 

Papiers de Jacqueline Remise (non consultés) : billets et courriers originaux rédigés après son arrestation et celle de son époux Claude Francis-Boeuf et parvenus à leur famille grâce à des chaînes de solidarité. Don de Mme Jacqueline Remise. source : Bilan des fonds confiés aux Archives nationales (site de Paris). Commission archives 02/04/2007. Lien

 

Référence d'un témoignage de Jacqueline Francis-Boeuf "Parce qu’ils étaient des rebelles…" (non publié en ligne) sur le site de l'Amicale des déportés du camp de Bergen-Belsen Lien

 

Jacqueline Francis-Boeuf a remis deux listes au mémorial Bergen-Belsen en 2002 dont les premières pages sont publiées sur le site suivant : Lien