Résistance du Havre - Le Groupe FRANCE AVANT TOUT

Nos remerciements à Jean-Hugues Caillard et Michel Baldenweck

 

HISTORIQUE

 

       Le dossier d’homologation du Groupe France Avant tout indique qu'il fut créé en janvier 1944. Cependant Rodrique Serrano (1) pense que la date de mars-avril 1944 est plus probable, car la décision de Jean ROBINET (un des chefs de groupe de l’Heure H), de créer ce nouveau mouvement de Résistance intervient après la vague d’arrestations qui toucha l’Heure H en mars 1944, et en particulier celle de son chef, Georges MAGUIN, le 14 mars 1944.

 

Grâce à la complicité d’un chef de poste de la Défense passive, Jean ROBINET recrute ses hommes en les faisant passer pour ses équipiers. Il les entraine au poste et très vite, constitue un groupe de 14 hommes.

 

Fin avril 1944, après une réunion avec Claude de BEAUMONT du Groupe U 55, décision est prise de fusionner leurs groupes sous le nom de France Avant Tout.

 

Jean ROBINET devait agir avec prudence puisqu’il opérait dans le secteur de l’Heure H.  Se sentant repéré, il dut quitter Le Havre pour se réfugier à Rouen jusqu’au 11 juin 1944.

A cette date, il revient au Havre et reprend l’organisation de son groupe qui connaît une extension rapide et lui pose des problèmes d’encadrement.

 

Jean ROBINET et Claude de BEAUMONT décident alors de séparer leurs groupes :   Jean ROBINET et France Avant Tout s’occuperont du Havre, de BEAUMONT et le groupe U 55, prenant en charge le secteur de Montivilliers.

 

ORGANISATION

 

L’organisation était calquée sur celle de l’armée française : le Groupe est organisé en 4 sections de 4 groupes, soit environ une quinzaine de personnes par groupe.

La présence d’anciens de 14-18 est importante :  ils fournissent un encadrement solide malgré leur âge. Les autres cadres, jeunes officiers FFI, sont les volontaires les plus aptes à commander malgré leur inexpérience de la guerre.

Jean ROBINET (né en 1918) est un ancien de la campagne de 40. Tout comme Charles DUCORRIDOR, qui servait  au 126e Régiment d’Infanterie en août-septembre 1940.

Au 30 juin 1944, le groupe compte 158 hommes organisés en quatre sections. Robinet exécute un dédoublement des sections afin d’incorporer de nouvelles recrues.

 

Le 10 août 1944 selon une liste du groupe conservée aux Archives départementales 76, le Groupe compterait 555 hommes (2). Ce chiffre doit être considéré avec beaucoup de réserve, selon Rodrigue Serrano (1).

 

France Avant Tout se lance alors dans des actions de sabotage : le 9 août 1944, le sabotage d’une voie de chemin de fer entraîne le déraillement d’un train de munitions à Cany afin de bloquer la voie. Des câbles de transmission sont coupés à Sanvic, à Gainneville et à d’autres endroits afin d’isoler certaines batteries aériennes.

Le 29 août 1944, des camions allemands sont incendiés au Havre.

Puis le groupe se prépare à la Libération.

 

Le 2 septembre 1944*, quatre hommes de France Avant Tout, Marcel ROUGEAULT, Eugène LANDOAS, Jules DELAMARE et Marcel URBAN ont pour mission de s’emparer d’un dépôt d’armes, mais l’opération échoue : ils sont arrêtés puis fusillés à l’usine Multiplex (187 boulevard Jules Durand, au Havre).

 

LES COMBATS DE LA LIBERATION

 

Une partie des hommes se concentre près du Cercle Franklin en vue de la Libération. Ils y reçoivent les quelques armes que le Groupe Morpain y avait caché en 1940. Ces hommes du Cercle Franklin sont épargnés par le bombardement du 5 septembre.

 

Du 7 au 10 septembre, environ 70 hommes de France Avant Tout (2) combattent dans le secteur de Montivilliers avec le groupe U 55.

 

Le 10 septembre, 140 hommes du groupe prennent position à l’hôtel du Cheval bai au Rond-point (6). Ils combattent en centre-ville dans le secteur de la gare et de la rue Aristide Briand.

Un autre groupe de 130 hommes prend position à l’Ecole Jean Macé à Sanvic où ils combattent avec des membres de l’Heure H.

 

A partir du 11 septembre, le groupe participe au nettoyage des positions allemandes à Sanvic, Bléville et les différents forts de la ville haute.

 

Le 12, il se dirige vers le Port où il nettoiera les différents bunkers, en liaison avec les forces anglaises. Jean ROBINET aurait été blessé au cours de cette journée (4)

 

Lors des combats de la Libération, France Avant Tout eut 15 blessés et perdit trois hommes.

Parmi les blessés, Lucien PLANCHE, sous le commandement direct de Jean ROBINET lors du nettoyage rues maréchal Joffre et adjacentes.

Les trois disparus furent Michel GENTIL (le 11 septembre, lors du dégagement des rues descendant vers le Rond-Point), Gérard LAUTIER (près de l'église de la Mare au clerc à Sanvic) et Claude BLONDEL (6).

 

SOURCES

 

(1)    Mémoire de  Rodrigue Serrano : La Résistance au Havre de 1940 à septembre 1944 1999 DEA Maitrise Université de Rouen. (Archives Jean-Hugues Caillard)

(2)    Archives départementales de Seine Maritime 8J4 (documentation Michel Baldenweck)

(3)   Archives Municipales du Havre (dossier Bio)

(4)   Archives Municipales du Havre (dossier Bio de Jean Robinet, et article de presse du 9 septembre 1949)

(5)    Document Delacotte, Archives municipales du Havre, cote GUE 099

(6)      SHAT Dossier d’homologation France Avant Tout cote 13P131

 

*  Les documents évoquent souvent la date du 3 septembre alors qu’un article de presse de 1949 rétablit celle du 2 septembre comme étant la date exacte.

LE  TRAGIQUE 2 SEPTEMBRE 1944 A L'USINE MULTIPLEX