Le parcours et les missions de René Duvauchelle

Article rédigé par Adrien Abraham, issu de ses travaux de recherche sur le Réseau Mounier. Avec nos très vifs remerciements.

Crédit photo : Ordre de la Libération

Jeunesse et formation de René Duvauchelle dans l'aéronautique navale

 

René Duvauchelle nait au Havre le 30 mai 1912. Son père est capitaine au long cours dans la Marine Marchande.

 

Le 10 avril 1928, avec l'accord de ses parents, Duvauchelle s'engage dans la Marine Nationale alors qu'il n'a que 16 ans pour suivre les cours de l'école des apprentis mécaniciens. Il est incorporé à cette date à l'école des apprentis mécaniciens et chauffeurs de Toulon pour y suivre les cours de la première cession de l'année. Il obtient alors le grade d'apprenti mécanicien. La formation dure deux ans.

Il sera engagé volontaire dans la Marine pour cinq ans à compter du jour de sa sortie de l'école. A la fin de sa formation, Duvauchelle obtient son brevet élémentaire de mécanicien tout en étant promu au grade de matelot de seconde classe (1er Juillet 1930). Il désire poursuivre sa carrière dans l'aéronautique navale.

 

Le 1er juillet 1930, il est envoyé au centre d'aérostation Maritime de Rochefort pour y suivre pendant trois mois des cours au sein de l'école des mécaniciens et arrimeurs d'aéronautique. A l'issue de sa formation, il obtient son certificat de mécanicien de l'aéronautique.

Le 1er octobre 1930, Duvauchelle est affecté au centre d'aérostation Maritime de Cherbourg. A cette même date, il est promu au grade de quartier maître. Il sert pendant dix mois, soit à l'escadrille de bombardement 1B1 ou à la section d'entraînement de Cherbourg.

Le 7 août 1931 Duvauchelle est affecté à la Base aéronautique navale de Rochefort. Peut-être sert-il à la section d'entraînement de Rochefort. Il y sert pendant trois ans. Durant cette période, il sera promu second maître (le 12 janvier 1931).

Le 1er août 1934, Duvauchelle est affecté sur le porte-avions Béarn où il sert en tant que mécanicien d'aéronavale pendant treize mois. Mais il n'effectue aucune sortie à bord puisque durant toute cette période le porte-avions est en refonte (février 1934- novembre 1935).

Durant cette période, Duvauchelle sera promu au grade de maître (1er juillet 1935) et sera admis au cadre de maistrance à la même date (admis en tant qu'officier marinier de carrière).

Le 22 septembre 1935, il devient élève-pilote au sein de la section d'entrainement de Berre l'Etang. Le 31 octobre de la même année, le maître mécanicien d'aéronautique Duvauchelle reçoit un témoignage officiel de satisfaction.

Le 1er septembre 1936, il suit à Hourtin les cours de l'école de pilotage sur hydravion.

Il obtient son brevet de pilote d'hydravion le 1er avril 1937 et est alors affecté à l'escadrille de bombardement 7B1 embarquée sur le porte-avions Béarn stationné à Brest (?).

Le 1er novembre 1937, avec l'escadrille de bombardement 7B1, Duvauchelle rejoint les autres escadrilles de la flottille du porte-avions Béarn à la base d'aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic. Il pilotera à bord d'avions bombardier-torpilleur Levasseur PL7.

Le 25 avril 1938, Duvauchelle est affecté à la base d'aéronautique navale d'Hourtin pendant un mois.

 

Le 5 juin 1938, il est affecté à l'escadrille d'exploration E5 basée à Saint-Raphaël. Duvauchelle pilotera à bord d'un hydravion de reconnaissance maritime Breguet 521 " Bizerte "pendant quinze mois. Il est durant cette période promu au grade de premier maître (1er octobre 1938). 

1939 : intégration de l'Escadrille d'hydravions de bombardement HB2

 

En février 1939, Duvauchelle est envoyé à Dakar avec une section de l'escadrille E5 pour assurer la sureté navale. Sa mission durera quatre mois et il sera de retour à Saint Raphaël en juin 1939.

 

Le 11 octobre, il reçoit un témoignage officiel de satisfaction

" pour services exceptionnels rendus au cours d'une croisière de l'escadrille E5 en Afrique occidentale française."

 

Le 1er septembre 1939, Duvauchelle est envoyé à Berre l'Etang pour intégrer, quinze jours plus tard, l'escadrille d'hydravions de bombardement HB2 nouvellement constituée, celle-ci étant embarquée à bord du porte-hydravions Commandant Teste.

Avec la première escadrille (escadrille HB1, également embarquée sur le Commandant Teste), elle forme la flottille F1H.

 

L'escadrille dans laquelle sert Duvauchelle est composée de dix hydravions-torpilleur Latécoère 298.

Pendant trois mois, Duvauchelle va s'entraîner à bord d'un hydravion de ce type dans le sud de la France avec son escadrille. En novembre, il quitte Berre pour poursuivre son entraînement à Saint-Mandrier avec l'escadrille.

 

Début 1940 : arrivée de l'Escadrille HB2 à la base de Karouba (Bizerte)

 

Début janvier 1940, l'escadrille HB2 (ainsi que la totalité de la flottille) est débarquée du Commandant Teste pour s'installer à la base de Karouba (Bizerte).

 

Le 10 janvier, avec son escadrille (ainsi que la première, HB1) le premier maître Duvauchelle est envoyé à la base d'aéronautique navale de Karouba (Bizerte). Son escadrille est mise sous les ordres du Préfet Maritime, Commandant la IVe région Maritime. L'Italie n'entrant en guerre que le 10 juin, une seule mission de guerre sera effectuée contre les italiens, sans succès. Aucun combat ne sera donc engagé.

 

La France et l'Italie signent un Armistice le 24 juin 1940 : les dirigeants militaires et politiques des colonies d'Afrique du Nord se rangent aux côtés du gouvernement français replié à Bordeaux. Plus aucune action de résistance officielle n'est alors possible.

Le 3 juillet 1940, survient le drame de Mers el Kébir. Comme dans la plupart des bases d'Afrique du Nord, le carburant présent dans les réservoirs des avions et hydravions des bases aéronautiques ont été débarqués. 

 

Crédit photo : Ordre de la Libération

 

5 Juillet 1940 : l'évasion Duvauchelle et de Méhouas de Bizerte vers Malte 

 

Deux jours plus tard, le 5 juillet, Duvauchelle et Méhouas, décidés à continuer la lutte aux côtés des Anglais, réussissent à trouver de l'essence et à remplir la moitié du réservoir d'un des Latécoère de l'escadrille, le HB2-5, recevant l'aide d'un de ses camarades d'escadrille.

En effet, la plupart des sous-officiers de l'unité sont favorables à un départ. Duvauchelle et Méhouas décident de rallier Malte, territoire britannique le plus proche.

Avec une grande discrétion, ils embarquent de la nourriture dans l'avion. Quelques amis de confiance viennent avec désinvolture sur la piste d'envol pour leur dire adieu. A 21 heures, à bord du Latécoère 298 n°33 (appareil HB2-5), les deux hommes décollent de Bizerte pour se rendre à Malte.

 

source : maltagc70

 

René Duvauchelle est aux commandes et Jacques Méhouas à l'observation et la mitrailleuse. A l'approche de Malte, leur avion est détecté, les Anglais ordonnent d'ouvrir la DCA sur lui. Heureusement les tirent passent au loin. Au-dessus de Malte, peu avant son arrivée, Duvauchelle demande à Méhouas de signaler le mot F-R-A-N-C-E.

Le signal est aperçu et l'hydravion peur amerrir à Kalafrana à 23 heures. L'appareil et les deux hommes seront plus tard incorporés dans la 230e escadrille de reconnaissance.

 

Duvauchelle et Méhouas vont se lier avec Tamara Marks (une yougoslave qui a épousé Ronnie Marks, Squadron Leader de la RAF) et Christina Radcliffe car les deux femmes parlent français. Tamara et Christina ont respectivement un faible pour René et Jacques... Christina aura plus tard une liaison  avec Adrian Warburton, l'as de la reconnaissance.

 

 

A leur arrivée à Malte, Duvauchelle et Méhouas manifestent leur désir de servir dans la Royal Air Force. Ils sont accueillis à bras ouverts et envoyés au quartier général de l'Armée pour y être interrogé. Le seul regret de René est qu'il ait dû laisser derrière lui un livre qu'il était en train de réaliser, des photos qu'il avait prises lors de sa tournée en Afrique du Sud quelques mois auparavant et une vaste collection de véritables bibelots en ivoire qu'il avait achetées au cours du même voyage.

 

Tout ce qu'il avait amené avec lui, c'était son équipement de rasage. Jacques était dans le même cas.

Duvauchelle et Méhouas souscrivent un engagement dans la Royal Air Force Volontary Reserve. Duvauchelle est nommé au grade de Flight Sergeant. 

Les missions à bord de l’hydravion Latécoère 298 n°33 en 1940

 

Avec leur Latecoère 298, Duauchelle et Mehouas  sont affectés au 431 Flight de Malte.

 

Le 16 août 1940, l'hydravion Latécoère 298 n°33 de Duvauchelle décolle de Malte à 02h20 et jette 74 000 tracts sur Bizerte, Tunis, Sousse et Monastir. Il rentre à 07h20.

Le 22 août 1940, il décolle de Malte à 16h00 pour effectuer une reconnaissance jusqu'à 10 nautiques au nord-est du Cap Bon. Il rentre à 18h45.

Le 10 septembre 1940, après avoir accepté la mission de créer et d'organiser un réseau de renseignements en Tunisie pour le compte des services du général de Gaulle et du S.I.S., le capitaine Robert va être débarqué clandestinement sur la côte tunisienne. Les pilotes Duvauchelle et Méhouas sont choisis pour remplir cette opération en raison de leur bonne connaissance des côtes tunisiennes.

L'hydravion Latécoère 298B n°33 piloté par le premier maître René Duvauchelle et le quartier-maître Jacques Mehouas décolle à 22h15 de Malte avec à son bord le capitaine Robert muni d'un poste émetteur et des codes. Le vol se fait par un temps exécrable.

Arrivé dans les eaux tunisiennes dans le courant de la nuit du 10 au 11 septembre, l'hydravion est pris par un gros orage. Robert est débarqué près de Bou Ficha dans le Golfe d'Hammamet (ou au Cap Bon ?). Au décollage pour retourner à sa base, le bruit de l'hydravion alerte des colons italiens qui s'empressent d'alerter la Commission d'Armistice Italienne. Au retour, Duvauchelle perd sa carte de navigation et le retour se fait au jugé, par la Sicile. Il atterrit à Kalafrana à 05h14 le 11 septembre. A leur arrivée, les aviateurs Duvauchelle et Méhouas sont interrogés par le commandant de l'aviation puis félicités pour la réussite de leur mission.

Il sera question de décorer Duvauchelle, ce qui ne se concrétisera finalement pas. De son côté, alors que Duvauchelle est sur le chemin du retour, le canot de Robert chavire et son poste émetteur est endommagé par l'eau. Voyant qu'il est traqué, Robert camoufle son poste dans un gourbi arabe avant de se rendre à Enfidaville où il trouve y refuge. Il sera arrêté quelques jours plus tard et, depuis la prison, il confiera à son ami André Mounier le poste et la mission dont il était chargé. Ainsi naîtra le réseau de résistance Mounier.

Le 22 septembre 1940, l'hydravion Latécoère 298B n°33, piloté par le premier maître René Duvauchelle et le quartier-maître Jacques Méhouas, survole Bizerte et Tunis et jette des tracts. C'est probablement l'appel du Général De Gaulle aux français de l'Empire rédigé vers le 29 août. C'est un effort aussi pour les rallier à la veille de l'opération MENACE (tentative du ralliement de Dakar qui échouera. Le vol dure plus de cinq heures.

 

En octobre 1940, ils effectuent cinq missions de reconnaissance (10, 13, 27, 28 et 29 octobre).

Le 10 octobre 1940, l'hydravion Latécoère de Duvauchelle et Méhouas décolle de Malte à 12h15 pour effectuer une mission secrète à Tripoli. En fait il s’agit d’une reconnaissance photographique de Tripoli sous une pluie battante. Ils repèrent un navire hôpital, deux petits cargos, un cargo de 3 000 tonnes, deux de 2 000 tonnes, deux hydravions, deux hydravions CANT Z.506S et un escorteur de 1 000 tonnes. L’hydravion essuie une DCA intense et rentre à 16h40.

Le 13 octobre 1940, l'hydravion de Duvauchelle décolle de Malte pour une reconnaissance qui dure 5 heures.

Le 22 octobre 1940 : René Duvauchelle et Jacques Mehouas auraient effectué une mission secrète en Tunisie [mais ceci semble une erreur].

Le 27 octobre 1940 : Duvauchelle décolle de Malte à 04h30 pour une reconnaissance en passant par (1) 20 nautiques au nord de Lampedusa, (2) 20 nautiques au nord-ouest de Tripoli, (3) 40 nautiques à l'ouest de Tripoli, (4) 40 nautiques à l'ouest de Lampedusa et rentre à 09h25.

Le 28 octobre 1940 : L'hydravion Latécoère 298 n°33 de Duvauchelle décolle de Malte pour une reconnaissance qui dure 6 heures.

Le 29 octobre 1940 : l'hydravion Latécoère 298 n°33 de Duvauchelle décolle de Malte pour une reconnaissance qui dure 5 heures.

Le 7 novembre 1940 : L'hydravion Latécoère 298 n°33 de Duvauchelle décolle de Malte pour une reconnaissance au-dessus de de la Sicile qui dure 5h30. Devant Syracuse, il est attaqué par des chasseurs ennemis (Fiat G 50 ou Breda 65 biplace).  Une fuite d'huile se déclare et son viseur bouché. L'avion français ne peut riposter mais parvient à s'échapper.

 

Le 12 novembre 1940, l'absence de pièces de rechange à Malte se fait sentir pour assurer les réparations de l'appareil. La génératrice est en panne et l'hydravion doit être abandonné. Il restera dans le hangar de la base.

Cette mission de reconnaissance fut la dernière du Latécoère.

Son sort restera mystérieux. Peut-être coula-t-il après avoir été mitraillé par deux Bf 109, en février 1941. 

Fin 1940 : les missions de l'équipage Duvauchelle à bord d’un Martin Maryland MK I

 

Duvauchelle va prendra désormais les commandes d'un des trois Martin Maryland Mk I de l'unité (aussi connu comme Glenn Martin]. Il va notamment côtoyer le célèbre pilote officier Adrian Warburton. Il effectue un vol d'essai à bord d'un Maryland.

 

Le 22 novembre 1940, le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage sergents Mehouas et Spires) effectue sa première reconnaissance de Brindisi et de Tarente avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille). Le temps est mauvais. Il est intercepté par un chasseur Macchi au-dessus de Tarente mais parvient à s'échapper (?).

25 novembre 1940 : mission de reconnaissance avec photos sur Tripoli. Départ à 12h30.

27 novembre 1940 : mission de reconnaissance avec photos sur au-dessus de Tarente. Le temps est mauvais à l'aller. Il effectue deux passes sur le port.

2 décembre 1940 : mission de reconnaissance sur Brindisi et Tarente.

7 décembre 1940 : le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage sergent Mehouas et Lt. Janvrin) effectue une reconnaissance de Naples avec le Maryland 713 (431 Flight, 69e escadrille). Départ à 8h30. Odeur d'essence forte, fuite au niveau du réservoir central.

18 décembre 1940 : le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage sergents Taylor et McConnell) effectue une reconnaissance de Messine avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille). Le temps est mauvais. Il fait face à une DCA sévère.

19 décembre 1940 : le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage sergents Mehouas et Taylor) effectue une reconnaissance de Pantelleria avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille). Il fait face à une DCA sévère.

21 décembre 1940 : le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage sergents Mehouas et Taylor) effectue une reconnaissance de Naples par beau temps avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille). Prise de photos du port à 4000 pieds d'altitude. Légère DCA de deux cuirassés présents.

23 décembre 1940 : le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage  sergents Mehouas et Taylor) effectue une reconnaissance de Brindisi et Tarente avec le Maryland 707 (431 Flight, 69e escadrille). Il est poursuivi par deux chasseurs biplans CR.42 mais parvient à les semer.

29 décembre 1940 : le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage  sergents Méhouas et Taylor) effectue une reconnaissance de Pantelleria avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille).

Le vol de reconnaissance s'effectue à 11000 pieds. Duvauchelle cherche à mitrailler une cible pour venger la disparition du Narval. Mais aucun avion n'est aperçu. 

Extraits du carnet de vol de René Duvauchelle

1941 : les missions de Duvauchelle à bord d’un Martin Maryland MK I

 

1er janvier 1941 : Le Sergent-pilote Duvauchelle (avec sergents Gridley et Taylor comme équipage) effectue une reconnaissance de Tripoli avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille).

2 janvier 1941 : Le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage sergents Berrett et Taylor) décolle pour une reconnaissance de Pantelleria avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille) mais des ennuis mécaniques le forcent à faire demi-tour.

6 janvier 1941 : Le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage sergents Mehouas et Taylor) effectue une reconnaissance de Naples et Palerme avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille). Sévère DCA à Naples.

 

8 janvier 1941 : le Sergent-pilote Duvauchelle (avec sergents Mehouas et Taylor comme équipage) effectue une reconnaissance de Tarente avec son Maryland (431 Flight, 69e escadrille). Le temps est mauvais, à Naples, l'avion est encadré par deux Macchi en pleine DCA. Une balle atteint la chambre noire, les photos prises seront inutilisables. Plusieurs Macchi ou Messer attendent l'avion devant Malte. Les Anglais font décoller les Hurricane pour dégager l'avion.

 

10 janvier 1941 : le No. 431 Flight devient No. 69 Squadron.

 

11 Janvier 1941 : la dernière mission de René Duvauchelle et de Jacques Mehouas

 

Le 11 janvier 1941, le Sergent-pilote Duvauchelle (équipage sergents Mehouas et Taylor) décolle avec son Maryland (AR707 de la 69e escadrille) à 7 heures pour une mission de reconnaissance de Tarente et, si possible, Catania et Comiso. Il s'agit de sa quinzième opération. Vers midi, il signale qu'il a fait une reconnaissance de Brindisi.

Au retour, alors que l'avion franchit la côte sicilienne au-dessus du port de Catane à environ 10 000 pieds d'altitude, une section de chasseurs italiens (Macchi M.C.200) appartenant au 6° Gruppo Autonomo CT dirigé par le lieutenant Antonio Palazzeschi l'aperçoit et l'abat.

 

L'avion s'écrase en mer et Duvauchelle, le Sgt Jacques Méhouas et le Sgt George Taylor (observateur) sont portés disparus.

Dans la soirée (ou peut-être le 13 janvier), la radio italienne annonce : "Aujourd'hui, une de nos patrouilles de chasseurs a abattu un avion du type Blenheim au large de la Sicile."

Un autre témoignage ajoute : "L'avion ennemi a fortement réagi avec ses mitrailleuses arrière, mais est finalement tombé en flammes par Palazzeschi ".

 

Tamara Marks et Christina Radcliffe sont dévastées par la nouvelle. Quelques jours après leur mort, le corps de Duvauchelle est repêché par les Italiens et inhumé au War cemetery de Catane. 

Extraits du carnet de vol de René Duvauchelle

La reconnaissance française et britannique

 

Le 31 janvier 1941, sur nomination du général de Gaulle, René Duvauchelle devient le premier Compagnon de la Libération à titre posthume.

 

Le 17 mars, les autorités britanniques lui décerne à titre posthume la " Mentioned in Dispatches ", l'équivalent de la croix de guerre côté britannique.

 

En mai 1941, de passage à Malte (pour une mission liaison auprès d'un dirigeant du réseau Mounier), le lieutenant-colonel des Essars apprend la disparition de Duvauchelle et de Méhouas. Dans son rapport, il notera que les deux aviateurs français qui ont appartenu pendant six mois à la RAF ont fait une grande impression sur les Anglais et la population maltaise, de par leurs exploits, leur tenue et leur moral indéfectible. 

Bien que n'appartenant pas aux FAFL, des Essars demande au général de Gaulle que leurs noms soient gardés comme " morts au champ d'honneur " de la France Libre.

 

En octobre 1949, René Duvauchelle est promu Officier des Equipages de deuxième classe à titre posthume pour compter du 10 janvier 1941.

 

Le 12 novembre 1949, il est cité à l'ordre du corps d'Armée à titre posthume.

"Pilote de haute valeur morale et technique, a rallié dès la première heure et au péril de sa vie la cause de la Libération. Toujours volontaire pour les missions les plus dangereuses, est mort glorieusement au cours des opérations aériennes des Forces alliées dans le ciel de Sicile."

Cette citation comporte l'attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil.

 

Le 4 janvier 1950, René Duvauchelle est nommé chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume.

 

En 1950, son corps est rapatrié en France puis inhumé à Vaux-le-Pénil *(Seine et Marne). 

 

* Le jour de son rapatriement et de son inhumation, Jacques Roumeguère accompagnait la soeur de René, Mme Besson-Duvauchelle. (F.R..)

Sources bibliographiques

 

Archives 

Archives de la RAF (Londres)

Article de Frederick Galea (non publié)

Revue de la France Libre, n°29, juin 1950

Fiche matricule de Duvauchelle

Documents divers sur le réseau Mounier

 

Ouvrages 

Croix de Lorraine, Croix du Sud de Vital Ferry, p.226

The Hurricane Years, p.64

Le procès d'E. Jouhaud, p.166

"Malta's Greater Siege & Adrian Warburton"

"Women of Malta" de Tamara Marks et Christina Radcliffe

 

Sites internet 

http://www.aeronavale.org

 

https://maltagc70.wordpress.com/2015/07/05/5-july-1940-mystery-aircraft-landing-in-malta/