BLOUIN Bernard (1925-1991)                            Cadet de la France Libre                                    BCRA - FFi de Vendée

Nos remerciements à son fils Jean-Louis, et à Hugues Lavoix, de l'Association Souvenir des Familles de Cadets de la France Libre

Bernard Blouin est à droite - Copyight Jean-Louis Blin

 Bernard BLOUIN est  né le 5 décembre 1925 à Sainte-Adresse. Il s'engage à la veille de ses 17 ans, le 2 décembre 1942, au 1er bureau de l'état-major du Levant à Beyrouth au Liban.

Il parvient deux jours plus tard au camp de Mena, en Égypte, où il demeure jusqu'au 14 février 1943, sous le commandement du capitaine Léon Glenat. Parti pour l'Angleterre, après avoir fait le tour de l'Afrique et aperçu les geysers d'Islande [1], il débarque à Greenock en Ecosse fin mars 1943 et entre à l'Ecole des Cadets de la France Libre au sein de de la section Saindrenan (34 élèves) de la promotion « 18 juin ».

Il fait partie du groupe B à l'examen d'aptitude au grade d'aspirant dont il sort 41e sur 124 en juin 1944, et il est affecté au BCRA. 

Promotion 18 juin. Au 4e rang, Bernard Blouin, 10e en partant de la gauche © Association Souvenir des Cadets de la France Libre

Bernard Blouin,  second rang, à l’école de rugby de Ribbesford. © Association Souvenir des Cadets de la France Libre

 Au cours de sa formation Bernard BLOUIN se fit remarquer une première fois, comme le rapporte André Casalis : « Bernard BLOUIN a l'habitude de planter sa baïonnette dans le parquet des combles : jusqu'au jour où quelqu'un passe au travers. Certains d'entre nous se sont procurés un double des équipements afin de les avoir prêts et propres pour les inspections. Ils se servent de l'autre jeu dans la vie courante. Ces éléments sont camoufles dans le pigeonnier situé au-dessus de mon lit. La trappe d'accès est sans doute mal assujettie car un beau jour, au cours d'une inspection, tout ce matériel tombe sur mon lit sous le nez de Cabrol ». [2]

 

Puis, dans des circonstances autrement dramatiques, au cours d’un exercice de tir : « Le 29 sera pour l'Ecole une triste date : notre premier accident mortel... C’est épouvantable. Un exercice de tir de grenade à fusil est organisé pour la section Saindrenan. R. Mouliè, commandant de compagnie et A. Lehrmann, officier d'armement y assistent. C'est au tour de Charles Hessenbruch (dix-neuf ans) et de Jean Digo de tirer. Le premier, couché sur le dos tient l'arme et doit presser la détente. Le second, agenouillé à gauche de lui, est chargeur... ». [2]

 

Jean-Louis Blouin, fils de Bernard Blouin apporte ces précisions : « La grenade à fusil a explosé peu de temps après son départ et non à l'impact, comme cela aurait dû se produire Le chargeur fut tué et Charles Hessenbruch, grièvement blessé aux deux jambes (il dut être amputé). Papa lui sauva la vie en lui prodiguant les premiers soins. La guerre terminée, et pour renforcer leur liens d'amitié s'il en était besoin, mon père à ma naissance le 14 janvier 1948 lui demanda d'être mon parrain, ce qu'il accepta bien volontiers ». [3] 

 

Blason de l'Ecole des Cadets - ASCFL

Devant Pornic, dans la poche de Vendée (Octobre 1944 - Février 1945)

Début août 1944, les troupes alliées déferlent sur la Bretagne. Les Allemands, partout traqués par les résistants un peu mieux armés ne savent plus où donner de la tête. Ils ne peuvent livrer que des combats d'arrière-garde. Pour tout l'ouest, la libération n'est qu'une question de jours.

Et pourtant...

Alors que la Vendée est libre le 17 septembre 1944, les combats feront rage jusqu'au printemps 1945 dans la poche de Pornic. Depuis la fin août, les Allemands quittent le département, mais des colonnes continuent de traverser la Vendée, de Saint-Nazaire à La Rochelle. L’occupant se retranche sur des positions stratégiques qui tiendront jusqu'à la reddition du 8 mai 1945. Celle de de Saint-Nazaire était limitée par la rive gauche de la Vilaine, La Roche Bernard, Nivillac, le canal de Nantes à Brest, Guenrouet, Bouvron, Cordemais, et, au sud de la Loire, La Sicaudais, Chauvé et Pornic.

Le Dionysien Bernard BLOUIN, affecté au BCRA en juin 1944 suite à sa formation au sein de l’Ecole des Cadets de la France Libre, fut ensuite détaché aux stages d’instruction et d’entrainement en Ecosse (parachutisme et sabotage), et au Pays de Galles (minage, explosifs et armes étrangères).

Il débarque en France par opération maritime le 10 septembre 1944, affecté au 93e Régiment d’Infanterie issu du 1er régiment de Vendée qui était composé de maquisards et d’hommes des Forces françaises de l'intérieur- FFI, opérant dans la zone de Pornic.

Le 27 octobre, il était rejoint par Albert Blin, un autre Cadet de la France Libre et agent du BCRA, affecté à la 3e compagnie du 93e RI, qui témoigna après la guerre des opérations auxquelles ils participèrent.

Au PC de Blin, château de la Jarrie

Thomazeau, Albert Blin et Bernard Blouin © ASCFL

Témoignage de Albert Blin 

« J’allais me présenter au lieutenant Jean Cristau qui commandait ladite compagnie. En vérité, il était médecin et, en d’autres termes, cela veut dire que ses connaissances militaires étaient assez vagues. Ses deux frères étaient au bataillon ; l’un, sous-lieutenant, était sous les ordres de mon camarade Bernard BLOUIN, ancien Cadet de la France Libre, qui commandait avec un courage légendaire, le Corps franc.

On me chargea de l’entrainement des hommes (ils étaient une petite soixantaine dans la compagnie), avec le titre d’adjoint au capitaine. L’entrainement fut court mais énergique, non pas parce que j’étais autoritaire - ce serait plutôt le contraire – mais parce que après mon passage à l’école des Cadets et les « special training schools », j’étais dans une forme physique éblouissante et chaque soir quand ils revenaient de l’exercice, mes malheureux soldats, tous originaires de Saint-Gilles-Croix-de-Vie), étaient épuisés.

Chaque petite compagnie avait pour mission de défendre près de deux kilomètres de front, et le mieux que nous pouvions faire était d’installer des nids de fusils mitrailleurs dont quelques fantassins réussissaient à croiser les feux.

Les Allemands étaient peu offensifs, bien que la rencontre d’une de leur patrouille avec celle commandée par Bernard BLOUIN provoqua une certaine casse et que, je crois, deux Français furent faits prisonniers et quelques autres blessés » [4].

A 19 ans, Bernard BLOUIN est cité à l’ordre du corps d’armée du général d’armée de Larminat, commandant le détachement de l’Atlantique, avec attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil : « A conduit avec maîtrise et sang-froid toutes les patrouilles du Corps franc A ramené chaque fois des renseignements précieux pour le commandement. S’est particulièrement distingué au cours de la patrouille du 19 décembre 1944, réussissant à faire replier sa section en bon ordre et forçant le passage à travers le dispositif ennemi au hameau de la Biotelais ».

 

Il avait été nommé lieutenant FFI à titre fictif à compter du 1er novembre 1944, puis il est promu sous-lieutenant à compter du 1er juin 1945.

Bernard BLOUIN dit « Boulaya », termina sa carrière avec le grade de Colonel. En 1947, de retour du Levant où il avait été affecté en 1945, il est affecté au 30ème BPC - Bataillon de Parachutistes de Choc, et effectue deux séjours en Extrême-Orient entre 1950 et 1955, au Tonkin puis en Thaïlande.

Il sert ensuite en Algérie de 1956 à 1960 dans le Bataillon de Choc Aéroporté. Blessé deux fois au cours de ses actions de guerre, il fut cité à six reprises.

Il eut, en 1975, la satisfaction de retrouver son « service » * en prenant le commandement du 89e Bataillon des Services, corps support du SDEC - Service d’Espionnage et de Contre-Espionnage.

 * En référence au BCRA.

Copyright : Jean-Louis Blouin

 

Bernard BLOUIN était officier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite. Parmi les nombreuses distinctions reçues par le colonel, décédé en 1991, figurent la Croix de guerre 1939-1945 avec Etoile de vermeil et la Croix de guerre Théâtre Opérations Extérieures. La section de l’Union nationale des parachutistes de Vendée porte le nom de Colonel Blouin.

Copyright : Le Livre d'Or des Français Libres

Ressources

 

Dossier Résistant au SHD de Vincennes (non consulté) : Cote GR 16 P 65618

 

[1] Source : René Marbot, Cadet de la France Libre, mai 2016.

 

[2]  Cadets de la France Libre. L'école militaire, André Casalis. Editions Lavauzelle, 1994

 

 

[3] Témoignage de Jean-Louis Blouin, 2016

 

[4] Le front de l’Atlantique devant Pornic. 27 octobre 1944 - 12 février 1945. Relation manuscrite d’Albert Blin. Association du Souvenir des Cadets de la France Libre.

 

Livre d'Or des Français Libres LIEN

 

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